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Je me trouve moche

par 4 août 2017juillet 22nd, 2023No Comments

« Je me trouve moche » ou l’impossibilité de se voir tel que l’on est

Pourquoi certaines personnes n’aiment pas leur physique ou un aspect de celui-ci ?

Quand la question est posée à ces personnes, la réponse est souvent floue et loin d’être objective. Tel aspect du corps, nez, ventre, jambes ou le corps dans sa globalité sera perçu comme disgracieux ou ne répondant pas à certains critères là aussi très vagues.

Les femmes vont être plus sujettes à ressentir ce qui peut parfois s’avérer être une grande souffrance mais les hommes ne sont pas épargnés non plus par certains complexes, la différence est qu’ ils n’en parlent pas….

Alors, quelles en sont les raisons ?

Tout d’abord, avouer que l’on se trouve moche est une affirmation qui postule l’existence de critères physiques objectifs de la beauté et que si l’on part de ce postulat, la question se pose de l’universalité de la beauté. Mais là n’est pas le débat… je vous renvoie à cet article publié dans le magazine Sciences Humaines .

Mais attardons-nous plutôt à comprendre l’aspect psychologique de ce regard peu aimant qui est porté sur soi. Car effectivement, il est bien question d’amour de soi, d’estime de soi et donc de narcissisme et plus précisément dans ce cas, d’un trouble de la construction identitaire amenant un sentiment de moindre valeur.

La construction de l’estime de soi

Ce narcissisme se construit dans l’enfance et dans le rapport aux autres. S. Freud caractérise le narcissisme dans «Pour Introduire le Narcissisme» (S.Freud, 1915) comme un «choix objectal» et un «mode relationnel». Il le définit comme étant l’investissement libidinal du Moi, ayant pour origine les toutes premières relations avec la mère.

De cette relation se construit l’estime de soi, qui est fonction de la relation entre l’image de soi et l’Idéal du Moi, instance psychique qui s’est construite sur la base des idéaux parentaux vécus par l’enfant.

Si nous sommes sensibles à l’image que nous voyons de nous dans le miroir, sur une photo ou à celle que nous pensons renvoyer de nous aux autres, c’est bien à l’endroit de notre visage que nous sommes le plus vulnérables. Il est l’endroit de notre corps qui exprime le mieux nos émotions, nos ressentis parce qu’ils sont visibles à nous-mêmes et aux autres.

La solidité du narcissisme de chacun dépend de la façon dont l’enfant s’est senti regardé, contenu, aimé, valorisé pendant la construction identitaire. Se trouver « moche » est une façon de parler de ses blessures, de ses failles…

Les périodes de mutation physique tels l’adolescence, la grossesse, la ménopause pour les femmes, peuvent être des moments ressentis douloureusement car ils supposent de faire le deuil de cet idéal du Moi et obligent à des remaniements psychiques souvent importants.

S’il n’y a pas eu pendant la période de l’adolescence un accompagnement de la part de la mère ou de tout autre modèle féminin, une sœur, une tante, la mère d’une amie parfois, le passage vers le corps de la femme peut être difficile à assumer car il renvoie aux regards que les hommes peuvent porter dessus et donc à être potentiellement un objet de désir.

Quel regard les mères ont-elles porté sur leur fille ? Valorisant, neutre, dévalorisant ? et leur père ? trop insistant, moqueur ou totalement absent dans la construction de leur féminité ?

L’aide du psychothérapeute

Aller réinterroger cette part de soi-même à l’âge adulte peut être un travail nécessaire. Le psychanalyste pourra aider dans cet accompagnement à rencontrer les endroits du corps oubliés, négligés, protégés. D’autres méthodes peuvent être complémentaires telle la danse-thérapie afin de ramener de la douceur là où il y a eu de la maltraitance comme les troubles du comportement alimentaire ou parfois de la violence dans l’enfance.

Les miroirs restent des objets obéissants qui montrent seulement ce que nous voulons bien voir de nous, il faut alors se demander ce que c’est ce « moche » que l’on voit lorsque l’on se regarde…

Pour en savoir plus

Notre miroir dit-il toujours la vérité?

Virginie Ferrara

Psychothérapeute à Paris, je vous reçois à mon cabinet rue Vignon, Paris 9ème, sur rendez-vous au 01 53 20 09 31