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Alliances inconscientes dans la relation amoureuse

par 28 mars 2023No Comments

LA RELATION DE COUPLE

On attribue très souvent la cause de la rencontre amoureuse au hasard ou à un faisceau de coïncidences imprévisibles comme les relations professionnelles, amicales ou autres interactions sociales etc… pourtant, il semblerait que ce soit rarement le fruit du hasard…

Nourrie de fantasmes, d’idéaux, de désirs, de peurs, de modèles à partir desquels chacun se construit, la rencontre amoureuse ne serait pas le fruit du hasard mais celle de deux inconscients agis par les expériences affectives infantiles, issues de l’histoire personnelle et familiale de chacun des partenaires.

Pour quelle raison, peut-il y avoir répétition dans le choix du partenaire ? traits physiques similaires, comportements, personnalité, situation sociale, même profil psychologique, que peut-il bien se rejouer sur la scène du présent ?

Difficile d’échapper à sa propre névrose, cherchant à s’emboîter à celle de l’autre et rejouer ainsi, des situations et expériences infantiles affectives déjà vécues.

Le couple plus que tout autre relation est construit d’attentes et d’alliances, celles-ci permettent la réalisation d’aspirations et de désirs communs. Pour autant, de nombreux mécanismes de défense sont mobilisés car chacun des partenaires est contraint à un certain effacement des limites du moi. Relation de co-dépendance, illusion que l’autre viendra réparer ou compenser ses propres carences affectives, le lien est soumis à des tensions et exigences. Entre le narcissisme et l’illusoire complétude, la reconnaissance de l’altérité dans la relation amoureuse est nécessaire mais souvent difficile à maintenir et il n’est pas simple de garder sa propre individualité sans se sentir parfois phagocyté par l’autre.

Pour faire couple dit R.Kaës, des zones d’indifférenciation et d’espaces communs sont nécessaires mais aussi  » d’objets partagés, qui sont à la fois ni absolument à l’un ni absolument à l’autre ». Lorsque les limites semblent franchies, des tensions surviennent immanquablement.

LES ALLIANCES INCONSCIENTES DANS LA RELATION DE COUPLE

Pourquoi les choix amoureux semblent -t-ils soumis à une certaine prédétermination ou syndrome de répétition?

L’ influence des vécus traumatiques dans l’enfance montrent la complexité de ce qui se remet en scène des situations passées dans la relation amoureuse et cette complexité des liens dans ce qu’il peut avoir de violent et maltraitant, interroge quant aux facteurs inconscients agis par des forces pulsionnelles, au cœur même de la relation jusqu’à chercher à la mettre en échec.

« Rien n’est plus complexe que l’amour et la vie à deux! Nous sommes souvent dominés par l’égoïsme, la peur, la dépendance, la colère … Les relations parents-enfants conditionnent directement nos choix affectifs, soit parce que nous recherchons un modèle, soit parce que nous le fuyons. Guy Corneau nous apprend tout simplement que pour aimer l’autre, nous devons commencer par nous réconcilier avec nous-même. Prendre conscience de nos blessures et en guérir. Alors seulement nous pourrons recevoir et donner, et connaître un amour harmonieux. » Guy Corneau N’y a t-il pas d’amour heureux?

Freud a démontré comment l’occurrence de la répétition et donc, comment un amour en répète un autre, c’est à -dire que le choix d’objet porte les traces mnésiques, les traits de l’objet primaire. Le premier est donc toujours le second, dit Freud.

La relation amoureuse est souvent surinvestie d’un idéal et de fantasmes dont l’origine trouve ses racines dans l’inconscient et dans la construction psycho affective de l’enfant.

Les expériences infantiles précoces stockées dans la mémoire,vont déterminer en grande partie la façon dont le lien d’attachement dans la relation à l’autre va se faire mais aussi se remanier au cours du temps, rien n’est figé. Mais l’enfant en grandissant, s’appropriera l’histoire non élaborée de ses parents dans ce qu’elle porte de blessures, traumas, cassures et le ramènera de façon inconsciente dans ses futures histoires d’amour à répéter parfois ou souvent d’ailleurs, des schémas plus ou moins identiques.

Et même si le nourrisson dans la construction du lien d’attachement à sa mère est une composante déterminante, il n’en reste pas moins que le lien d’attachement dans la relation au conjoint n’est pas du même ordre, l attachement est une des composantes du couple mais pas le seul.

Lorsque l attachement est dit « sécure », il procure un sentiment de confiance et d’assurance dans la relation à l’autre.

A delà des enjeux inconscients qui peuvent déterminer la rencontre mais aussi la manière dont on s’attache, la relation amoureuse gardera toujours une part de mystère…et tant mieux

Si notre peur consciente est de ne pas être aimé, notre peur réelle, mais généralement inconsciente, est d’aimer.”-Erich Fromm-

La relation de couple : entre Intergénérationnel et Transgénérationnel

La relation amoureuse est au carrefour de deux histoires et de deux lignées culturelles, sociales, transgénérationnelles et intergénérationnelles.

Elle met en mouvement une quantité d’affects puissants de natures narcissique et libidinale avec des alliances ou contrats conscients mais surtout inconscients.« Les alliances qui organisent un couple et une famille sont fondées, selon des modalités spécifiques mais constantes, sur la sexualité et sur ses conflits, notamment avec les exigences du narcissisme. Ces modalités relèvent des exigences psychiques requises pour que le lien de famille ou de couple se forme et se maintienne. À côté de ces exigences psychiques, et en interférences avec elles, les alliances inscrivent le lien de famille et de couple dans le champ social et culturel » René Kaës -Les alliances inconscientes (2004)

Cet espace de la relation va contenir des idéaux respectifs, des attentes, des angoisses, des forces pulsionnelles de cohésion ( construction, pulsion de vie) ou d’éclatement ( destructivité, pulsion de mort). Certaines qualités d’alliance engendrent de l’agressivité, de la haine, voire de la violence empêchant le lien à l’autre tout en l’aliénant.

C’est au cœur de cet espace, que vont se rejouer différentes scènes de l’enfance qui échappent en grande partie aux partenaires, passant de l’illusion la plus totale du début de la relation, aux déceptions et désillusions. La relation va ainsi se construire et se déployer, traverser des moments de crise et de rencontre, jusqu’à retrouver un nouvel équilibre ou pas….quand les mouvements pulsionnels de destructivité sont rejetés, refoulés, ils deviennent le pendant négatif qui fonde hélas à la relation.

Ces alliances peuvent être structurantes ou défensives, Kaës de préciser  » le groupe doit offrir à ses membres les organisations défensives communes sur lesquelles ils adossent leurs propres mécanismes individuels de défense ». Ces alliances bonnes ou mauvaises, participent à la construction et en même temps au maintien du lien entre les membres.

Selon A. Ruffiot, « le sujet est tissu avant d’être issu », c’est-à-dire que son psychisme est constitué d’un maillage de liens, dont la trame forme son berceau psychique tissé avec les liens d’alliance de ceux qui l’ont précédé. Il est, par conséquent, soumis à des impératifs auxquels il devra se soumettre pour gagner sa place dans la lignée ou la conserver

Au cours de sa construction et de son élaboration, le couple fait d’alliances respectives, de contrats et de loyautés inconscientes et, en tant que sujet et objet, va construire un projet commun. Pour R. Kaës (2009), « les alliances inconscientes sont au cœur des processus et des modalités de la transmission psychique intergénérationnelle et transgénérationnelle, parce qu’elles sont au principe des passages et des liens entre les espaces psychiques ».

Ces alliances sont structurantes, contenantes mais aussi agressives. Elles portent en elles-mêmes une quantité d’affects négatifs. Autant, elles organisent les liens et les fondent, autant elles peuvent désorganiser les liens intersubjectifs et manifester au sein même du couple et de la famille des symptômes. Ceux-ci dans ce qu’ils révèlent de destructeurs et mortifères. C’est ce que R. Kaës (2007) nomme la « transmission du négatif », qu’il définit comme « ce qui ne se contient pas, ce qui ne se retient pas, ce qui ne se souvient pas : la faute, la maladie, la honte, le refoulé, les objets perdus et encore endeuillés ».

 

Les découvertes considérables de M.Torok et K.Abraham ont apporté à l’histoire de la psychanalyse avec les théories de Clivage du Moi et les concepts d’inclusion et de crypte, cette notion des influences entre générations liées aux traumatismes non surmontés des ascendants, qu’ils ont théorisée sous le nom de « fantômes » « Le fantôme est une formation de l’inconscient qui a pour particularité de n’avoir jamais été consciente (…) et de résulter du passage, dont le mode reste à déterminer, de l’inconscient d’un parent à l’inconscient d’un enfant.….. Ce ne sont pas les trépassés qui viennent hanter, mais les lacunes laissées en nous par les secrets des autres. » L’écorce et le Noyau K.Abraham et M.Tork 1978;

Virginie Ferrara

Psychothérapeute à Paris, je vous reçois à mon cabinet rue Vignon, Paris 9ème, sur rendez-vous au 01 53 20 09 31