Dans tout couple, les tensions, les disputes sont normales, elles peuvent même être parfois des soupapes, des sas qui servent de régulateurs émotionnels. À force d’avoir contenu les griefs, les ressassements, la prochaine broutille sert d’étincelle.
Laisser exploser sa colère, ses frustrations est une chose, mais décider ensemble d’en faire quelque chose est différent et hélas, beaucoup de couples se servent de la relation et de l’autre comme d’un déversoir, voire d’une poubelle.
Pour quelle raison certains couples en arrivent à se disputer régulièrement ?
Parce qu’il y a à l’origine un vrai problème de communication et que les raisons des conflits ont été mis sous le tapis jusqu’au moment où ce n’est plus tenable ni pour l’un, ni pour l’autre.
Pour autant, même si beaucoup de couples ne se disputent guère, pour d’autres, le conflit est un réel mode de fonctionnement, il est parfois même le moteur de la relation avec ce que cela suppose de jeux de pouvoir, d’agressions et d’un triangle de Karpman dans lequel chacun s’est enfermé tentant de crier au secours de plus en plus en fort et renforçant le symptôme même dans lequel la relation est enfermée.
Le rapport dominant-dominé, bourreau/victime est l’expression même de peurs et de souffrances individuelles qui se rejouent sur la scène de la relation. Héritiers bien souvent de familles dysfonctionnelles, d’abandons réels ou symboliques, les partenaires arrivent avec leurs blessures archaïques et leurs failles narcissiques demandant à l’autre d’être sauvé ou de glisser vers le syndrome du sauveur.
Exprimer sa colère avant que la situation n’explose n’est pas simple pour qui n’a jamais appris à communiquer. Celle-ci dérive presque toujours en agressivité masquée, telles des réflexions et petits pics acerbes, ou bien en accusations et reproches sans fin.
Quelques règles de base à construire et à pratiquer sans modération
Réagir à chaud est toujours la réponse la plus directe, mais souvent la plus toxique dans le couple. Proposer au partenaire de se séparer physiquement de la pièce quand le point de blocage est devenu intenable. Le conflit devient un engrenage où généralement les mots dépassent la pensée et donnent à nouveau du « grain à moudre ». Chacun s’éloigne du sujet pour parler sur l’autre ou à la place de l’autre. Le conflit devenant la raison même d’un nouveau conflit dans lequel chacun face à son sentiment d’impuissance de ne pas être entendu va en retour blesser l’autre et la boucle est bouclée. L’agresseur/bourreau devient en retour la victime qui devient en retour l’agresseur.
Comment renouer le dialogue dans le couple ?
Proposer au conjoint de s’éloigner et de réaborder le sujet quand l’émotion s’est apaisée, parfois plusieurs jours sont nécessaires. Il s’agit de savoir comment en reparler.
Écrire ses ressentis, ses peurs au moment où la scène est vécue peut-être une première approche quant au fait de poser sur papier les choses.
Se fixer un jour et maintenir ce « rdv » reste la priorité. Il est trop facile de glisser vers le « on remet à plus tard » car entre la fatigue, le travail, les contraintes familiales, il n’y a pas de place.
Dans cet espace de rencontre, chacun doit pouvoir se dire. Un temps respectif est donné dans lequel il faut apprendre à écouter ce que l’autre a à dire sans couper la parole au risque de réactiver les tensions.
Ce temps de paroles s’inscrit dans le respect de soi, de l’autre et de la relation. Le positionnement doit être clair afin d’éviter tout malentendu ou projection qui ne feraient que redéclarer la guerre.
Parler à la première personne « je », aborder la façon dont le conflit ainsi que les facteurs déclenchant ont été vécus. L’autre n’est pas un ennemi, mais aussi une victime de ses propres modes de fonctionnement qui par effet-miroir avec le/la partenaire viennent amplifier, réactiver de vielles blessures.
Il ne s’agit pas non plus de faire de son conjoint un bouc émissaire, mais de s’interroger sur les peurs, les attentes que chacun projette sur l’autre en le rendant responsable de ne pouvoir y répondre.
Chacun doit prendre la responsabilité de comment les choses sont dites et ressenties de part et d’autre. Derrière toute peur, il y a un besoin non entendu, négligé, oublié dont les racines sont souvent inscrites dans l’enfance.
L’amour, aussi fort soit-il, ne garanti jamais la pérennité d’une relation, un des piliers de la réussite d’un couple reste la façon dont la communication va être nourrie. Celle-ci assure l’entretien d’un lien sécure, profond et authentique où chacun peut se dire et s’exposer à l’autre sans que ce soit utiliser comme un instrument de pouvoir.
Ces valeurs fondamentales et essentielles garantissent la responsabilisation face à ce que chacun vit, comme il/elle le vit en tant qu’acteur de sa vie.
Cela passe par :
- Le respect de soi-même et la relation que l’on a avec soi
- Le respect de l’autre avec ses différences, sans failles aussi et ses carences
- Le non-jugement / savoir écouter
- Une posture claire/juste excluant toute tentative d’emprise et de manipulation sur l’autre
Communication de couple, quelques notions clé
Soi – L Autre – La Relation
Bien différencier Désir-Besoin
Ne pas confondre ses propres peurs-manques et projections faites sur l’autre
Attention à la confusion entre celui (sujet) qui parle et l’objet dont il parle
Ne pas parler sur l’autre ou à la place de l’autre
Ne pas se laisser définir par l’autre qui suppose se positionner clairement et mettre des limites si nécessaire
Accéder à son ressenti afin de laisser l’espace à l’autre de pouvoir le faire aussi
Savoir communiquer autour des frustrations, c’est déjà reconnaître qu’il peut y avoir de chaque côté des endroits d’insatisfaction et que celles-ci sont à l’origine même de la difficulté à communiquer.
Attention à la manière dont les demandes sont faites, sont-elles exprimées sur un mode négatif et accusateur ?
Une demande mal faite peut vite amener une réaction en chaîne de colère, d’incompréhension et surtout de déceptions qui nourrissent les rancœurs et griefs déjà installés.
Les façons de communiquer blessantes et agressives maintiennent aussi les projections qui en retour appellent des réactions agressives.
Le sentiment de ne pas être compris/e dans le couple est un des ressentiments les plus présents. Il peut être induit par des besoins non exprimés, mais aussi par de la manipulation des propos par l’émetteur ou le récepteur, très vite alors, toute tentative de communication se bloque.
Il y a souvent un décalage des attentes respectives, ce qui entraîne confusions, malentendus et beaucoup de projections parce que les désirs et les besoins ne sont pas exprimés.
Les conflits naissent de la difficulté ou de l’impossibilité à accepter les différences ressenties. Celles-ci sont alors vécues comme des peurs d’être rejeté, abandonné, exclu.
Le manque de temps, la fatigue, le stress et les contraintes familiales réduisent et appauvrissent la qualité de la communication et le temps passé avec l’autre ou trop fréquemment, à côté de l’autre.
(Re)développer une intimité, (re)créer, réinventer une relation créatrice favorise la croissance de chacun et donc, de la relation. Chacun doit apprendre à être attentif aux besoins et désirs du ou de la partenaire.
Un couple, une relation est à entretenir, c’est un travail à deux qu’il s’agit de décider et de se donner les moyens de faire. Auquel cas, le danger est de faire de la relation un endroit d’aliénation, de peur et de dépendance…..