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Je me compare aux autres, pourquoi?

Se comparer n’est pas forcément négatif et en tant qu’animaux sociaux, c’est souvent le seul moyen que nous avons pour nous situer dans un groupe et pouvoir évaluer la place que nous avons dans celui-ci. Savoir où se situer serait impératif pour survivre au groupe.

Le besoin de se sentir accepté est essentiel, d’ailleurs, des recherches scientifiques ont montré que la blessure de rejet active dans le cerveau les mêmes zones que la souffrance physique.

Beaucoup d’études montrent à quel point les êtres humains se comparent tout le temps. Nos sociétés ont survalorisé la réussite, la compétition et le succès. Ces valeurs matérielles dites extrinsèques ne reposent bien souvent que sur un leurre, car elles poussent à la comparaison sociale, mais pas de manière positive, c’est-à-dire chercher à s’améliorer. Au contraire, le discours serait plutôt de l’ordre de « cette personne a fait cela ou a réussi telle chose, là où moi, je n’ai pas réussi« . Il s’agit d’un statut social relatif, car il y aura toujours des personnes au-dessus de soi et en dessous.

Votre patron vous annonce en fin d’année une belle prime équivalente à trois mois de salaires quand au même moment votre collègue va recevoir le double ! Un nœud dans l’estomac vous prend, vous ressentez de l’injustice, de la colère. Cette prime qui devait vous faire profiter de vos congés avec saveur, s’avère être un poison venant gâcher le plaisir des fêtes car à trop se comparer, on en oublie le nécessaire.

La plupart des individus sont très attentifs à ce que peut révéler le statut social d’une personne car il renvoie en miroir ce que nous sommes, avons ou pas. Cela peut être des biens matériels, mais aussi des aspects physiques ou intellectuels, et la plupart du temps, il ne s’agit pas tant d’être bons que de vouloir être meilleurs que les autres. « Il ne suffit pas d’être heureux, encore faut-il que les autres soient malheureux.« Pierre Desproges

Pourquoi les comparaisons sociales font-elles à ce point souffrir certaines personnes ?

En théorie, observer ce que développent les autres pourraient être utiles et servir de modèles afin de réajuster nos comportements et nos efforts. La chance ou les opportunités des autres devraient être inspirantes car l’apprentissage par imitation est central dans l’espèce humaine.

En revanche, ces comparaisons induisent plus d’envie, de jalousie, de frustrations que de réjouissance de voir l’autre réussir.

Vers 3 ans, les enfants peuvent commencer de façon sommaire à se comparer, puis vient la prise de conscience de la différence des sexes. Dans les fratries, en fonction de la place que chaque enfant occupe, des comparaisons peuvent avoir lieu, de la jalousie la plus simple, « pourquoi lui il a le droit de faire cela? » à parfois, des crises beaucoup plus marquées s’installant dans le temps et laissant les parents totalement impuissants. Pourtant, il peut être intéressant de s’interroger sur la place que les parents ont eux-mêmes occupé dans leur fratrie et l’effet miroir en résonance avec celle de leurs enfants.

Malheureusement, certaines familles, sans réaliser la portée de leurs paroles, vont comparer les enfants entre eux ou aux cousin.es. Ces familles reproduisent, de manière inconsciente, ce qu’elles ont elles-mêmes vécu avec leurs propres parents, induisant alors, une blessure de rejet et une dénarcissisation importante dans la construction identitaire de leur rejeton.

C’est une véritable bombe pour l’estime d’eux-même. Chaque enfant est unique et a une personnalité qui lui est propre. L’encourager à développer son potentiel créateur, c’est lui donner les moyens de construire une bonne estime de lui et une capacité à découvrir le monde et les relations aux autres.

Quand ces éléments de comparaisons se répètent et s’installent au cœur même de leur construction identitaire, les mêmes blessures se réactiveront des années plus tard face à tout élément extérieur de comparaison aux autres.

Alors comment se libérer de cette propension a trop regardé ce que les autres sont?

Plutôt que de rester focus sur cette émotion douloureuse, ne serait-il pas plus juste de regarder à l’aune de ses propres exigences si les progrès réalisés correspondent à son propre sentiment d’évolution ?

Notre société hyperconnectée a une fâcheuse tendance à surestimer le bien-être ou la réussite des autres affichés sur l’écran. Les comparaisons tournent vite à la torture morale, il y aura toujours sur les réseaux des gens beaucoup plus populaires ou plus attrayants, c’est le but même des réseaux que de montrer cette mise en scène de soi permanente, sinon cela n’a aucun intérêt pour son propre narcissisme.

Malheureusement, cela induit une fragilisation de l’image de soi et un affaiblissement de l estime de soi, beaucoup de gens estimant que leur vie est médiocre à côté de ce qui est montré.

À trop regarder ce qui se passe chez les autres, on en oublie le nécessaire, c’est-à-dire se comparer d’abord à soi, en courant après un idéal inatteignable, le risque est de fabriquer son propre malheur

Pour bien gâcher son bonheur actuel existe en psychologie positive, le modèle des « trois gaps »qui est :

  • Je n’ai qu’à comparer mon bonheur actuel à celui de mes semblables,
  • à celui que j’attendais ( mon idéal),
  • à ceux que j’ai connus par le passé,

= insatisfaction assurée!!

Parmi ces trois gaps, existent des distorsions cognitives dont chacun peut être victime. Nous avons tendance à penser que chez les autres, c’est souvent mieux.

Avoir un idéal est une chose, mais penser qu’on ne vaut rien si on ne l’atteint pas en est une autre, cela altère forcément la perception que l’on a de soi-même.

Et enfin, il est toujours facile d’enjoliver le passé, mécanisme de défense qui contribue à se rassurer et à se dire que c’était forcément mieux avant, cela dédouane d’agir et de prendre ses responsabilités face à ses propres besoins ou désirs.

Il existe de bonnes et de mauvaises comparaisons, apprenons donc à distinguer ce qui est essentiel pour soi afin d’éviter que le miroir que les autres montrent nous tirent vers le bas et nous montrent une image de nous forcément biaisée par nos propres filtres psychiques. Sachons voir aussi les progrès accomplis plutôt que de mettre l’accent sur les échecs.

Comment ne plus se comparer aux autres?

Développer une bonne connaissance de soi, porter un regard plus objectif et bienveillant restent les antidotes afin de prendre ce qui nous paraît utile et laisser le reste.

L’amitié avec soi-même, c’est reconnaître qu’on fait partie d’une humanité dans laquelle rien n’est parfait et qu’il est normal de vivre des échecs et qu’au-delà de ce que les autres cherchent absolument à montrer, beaucoup de souffrance et de manque de confiance les animent. C’est bien souvent le seul moyen qu’ils ont trouvé de parer au vide intérieur abyssal.

Cette amitié avec soi-même nous motive à être plus lucide sur mous-même pour changer ce qui peut être changé et accepter ce qui ne peut l’être. C’est aussi accueillir notre part de vulnérabilité, celle-ci peut aussi faire du bien aux autres. On a le droit de ne pas être parfait et de se sentir nul.

La vie nous rappelle qu’on contrôle finalement peu de choses, la pandémie nous a tous contraints à revoir nos priorités, nos aspirations et nos valeurs.

Beaucoup ont d’ailleurs amorcé de grands changements dans leur vie ou des plus petits qui ont eu pour effet, d’amener des remaniements psychiques considérables, une bien plus grande cohérence avec leurs valeurs et un équilibre re.trouvé enfin.

Si on ne regarde que les apparences, elles seront toujours là pour nous faire sentir médiocres, pas à la hauteur ou sans valeur. En revanche, vivre en accord avec ce qui essentiel pour soi et se sentir à sa juste place nourrit l’estime de soi-même. C’est fondamental.

Cette estime de soi est un bon baromètre car elle indique comment nous évaluons et percevons notre valeur sociale, comment les autres nous apprécientcient ou nous admirent.

Nous positionner par rapport aux autres est un vrai défi parce que les informations que nous recevons se réajustent constamment et ces comparaisons sont très rarement objectives.

L’envie de ce que les autres ont réussi ou font dans leur vie doit être un indicateur de ce que soi-même nous n’arrivons pas à mettre en mouvement dans notre vie.

Peut-être s’agit-il d’interroger ses conduites d’auto-sabotages ou ses loyautés à une famille dans laquelle, désirs et aspirations étaient absents ou interdits.

La légitimité de réussir ou tout simplement de prendre du plaisir à vouloir se réaliser, étaient refoulée, verrouillée par des injonctions inconscientes du type « dans notre famille, on se contente de ce qu’on a » ou  « ça, ce n’est pas pour nous« .

Une autre manière de regarder aussi les choses différemment consisterait à développer plus d’empathie, d’admiration et de tolérance à l’égard de l’autre et de jauger les progrès accomplis par soi-même par rapport à ses objectifs plutôt que de voir uniquement ce qu’on n’a toujours pas atteint par rapport aux autres car l’écart peut être sans fin et jamais comblé.

Enfin, s’inspirer des outils et stratégies développés par les autres pourraient nous aider en n’oubliant jamais le chemin déjà parcouru plutôt que de voir celui qui reste à faire.

Virginie Ferrara

Psychothérapeute à Paris, je vous reçois à mon cabinet rue Vignon, Paris 9ème, sur rendez-vous au 01 53 20 09 31