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S’estimer enfin pour sortir de la dépendance affective

par 24 janvier 2017février 15th, 2023No Comments

On ne peut aborder la question de la dépendance affective chez l’adulte sans faire un détour par la théorie de l’attachement. Après les travaux de Winicott, Lorenz et Harlow, le psychiatre et psychanalyste John Bowlby a défini l’attachement comme « un équilibre entre les comportements d’attachement envers les figures parentales et les comportements d’exploration du milieu.» (Bowlby J., Attachement et perte, Paris, PUF, 1978).

Durant la seconde guerre mondiale puis ensuite, les psychanalystes Anna Freud et Dorothy Burlingham ont mené des observations sur des enfants séparés de leurs caregivers familiers (personnes qui prennent soin), lien mère-enfant et aux conséquences des séparations précoces. Pour Bowlby (1969), l’attachement a, à la fois une fonction adaptative mais aussi de protection et d’exploration. La mère ou son substitut constitue pour le nourrisson une base de sécurité. Si les réponses et comportements de l’entourage, figures familières, sont adéquates, l’enfant, développera un socle de sécurité intérieure et une image positive de lui-même.

A partir de cette base, de nouvelles capacités apparaissent, celle de se séparer pour explorer l’environnement et gagner en autonomie, cela caractérise un attachement sécure qui permettra par la suite de se détacher d’autant mieux pour pouvoir construire des relations affectives solides, sans aliénation.

D’après les études d’Ainsworth (1978), l’attachement est relié aux comportements maternels suivants : a) contact physique fréquent et soutenu entre le bébé et sa mère, spécialement pendant les six premiers mois, capacité maternelle à calmer son bébé, en le prenant dans ses bras ; b) sensibilité maternelle aux signaux du bébé, et, en particulier, capacité à gérer ses interventions en harmonie avec les rythmes du bébé ; c) une ambiance contrôlée et prévisible, qui permet au bébé d’inférer les conséquences de ses propres actions ; d) plaisir mutuel ressenti par la mère et le bébé.

A partir des travaux de Bowlby « la propension à établir des liens forts avec des personnes particulières existe dès la naissance et se maintient tout au long de la vie ». Le besoin d’attachement est un besoin primaire inné chez l’homme.

S’attacher pour pouvoir se détacher

Quand les réponses de l’entourage ne sont pas adéquates à la base de sécurité de l’enfant, l’image de lui-même et sa confiance en lui vont être ébranlées. Il peut alors développer un attachement angoissé, évitant ou désorganisé, conflits que l’on retrouve chez les adultes souffrant de dépendance affective ou d’addictions diverses, TCA ( Troubles du comportement alimentaire, boulimie, anorexie, hyperphagie), drogue, alcool…
Face à l’angoisse du vide affectif et des carences liées à leur histoire personnelle, ces personnes en souffrance trouvent dans ces addictions le réconfort qui viendra momentanément anesthésier leurs peurs et douleurs.
De ces tristesses et colères non exprimées de l’enfant devenu adulte, de besoins non entendus parce que étouffés au profit des projections et attentes parentales parfois tyranniques, ces personnalités ne se sont peu à peu oubliées, niant même parfois jusqu’à leur identité en se fondant totalement dans le désir des autres dans une attente sans fin d’un signe, regard ou attitude venant leur confirmer qu’elles sont aimées et « aimables ». Puits sans fond jamais étanché car le moindre geste, la moindre attitude qui vient infirmer cette « preuve » les fait replonger dans un abîme de peurs, culpabilité et ruminations jusqu’à cet ultime signe rassurant venant à nouveau les sauver…

Dépendance affective et relations amoureuses

Le manque d’estime d’elle-même, une confiance pas suffisamment solide peut les amener à vivre, répéter ou s’attacher de façon totalement inconsciente à des personnes ou situations humiliantes, blessantes par peur d’être rejeté et décevoir.
L’abandon et l’angoisse de ce gouffre intérieur qu’il suscite est au cœur de leurs conflits psychiques et la relation amoureuse est très souvent le théâtre et la mise en scène de ces conflits inconscients qui se réactivent. La menace psychique n’est pas tant dans l’acceptation d’une posture humiliante, mais bien dans le peur de perdre l’idée que ces personnalités se font de l’amour que l’autre leur porte. Et le danger est bien à cet endroit, dans la différence entre le fantasme et la réalité. Le Moi préférant alors s’accrocher à un leurre….
La honte, puis le sentiment de culpabilité vont ainsi entretenir la mauvaise image d’eux-même, ainsi que le sentiment de dévalorisation.

Les personnalités dépendantes étouffent leur vie intérieure, renoncent à leurs besoins réels, cherchent parfois même à disparaître dans l’autre et à n’exister qu’en fonction du jugement et de ce que l’entourage serait sensé savoir pour elles. Leur narcissisme étant fragile, elles ont appris à construire des murs qui les protègent de leur part d’ombre. Mais combien de temps ces remparts psychiques peuvent-ils tenir sans se fissurer…. au risque de voir apparaître des symptômes physiques venant rappeler qu’une douleur psychique est tue, que des peurs sont verrouillées et qu’il est moins dangereux pour le Moi de continuer à maintenir ces soi-disants zones de confort que de prendre le risquer de voir s’effondrer leurs mécanismes de défense au profit d’une vie plus autonome et adulte… ?

Le traitement de la dépendance affective

Pour construire ce Moi plus solide et enfin s’engager vers cette liberté intérieure, un travail thérapeutique avec un psychothérapeute ou psychanalyste est souvent nécessaire. Le professionnel va accompagner la personne en souffrance dans les méandres de son histoire, identifier ses symptômes, dénouer les tensions, l’aider à exprimer sa tristesse et sa colère dans le respect de ce qu’il est afin que l’élan de vie puisse jaillir.

C’est à ce prix qu’il sera possible de restaurer la confiance en soi ainsi qu’une sécurité intérieure afin d’acquérir une autonomie psychique qui permettra de construire des relations affectives et amoureuses non aliénantes mais adultes. Débarrassée et nettoyée des comportements infantiles dictées jusque là par des mécanismes de peur et d’abandon.

Psychanalyste et psychothérapeute, je vous reçois dans mon cabinet à Paris dans le 9ème arrondissement.
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Virginie Ferrara

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