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« Pourquoi je déteste les fêtes de fin d’année » ?

par 2 décembre 2016février 15th, 2023No Comments

Le blues des fêtes de fin d’année

Les fêtes de la Toussaint à peine terminées, notre société d’hyperconsommation est là pour nous rappeler à travers les vitrines qui commencent à se décorer, que bientôt nous entrerons dans les fêtes de fin d’année…

Noël, son sapin, ses cadeaux, ses illuminations et grandes tablées pleines de victuailles et…ses tensions familiales. Pourquoi cette fin d’année et particulièrement cette fête peut-être ressentie par certains comme un passage douloureux ?

Noël : fête familiale

Au-delà de sa symbolique religieuse, Noël est synonyme de festin, mais surtout de famille. On ne peut évoquer cette tradition sans aborder le rapport à notre propre famille qu’elle soit présente, éloignée géographiquement ou tout simplement absente de par les deuils qui ont ponctué le parcours de chacun.

Bonheur pour certains, malheur pour d’autres, cette fête ne laisse jamais indifférent car outre les appréhensions qu’elle suscite, elle est aussi la réactivation de souvenirs affectifs liés à l’enfance, heureux ou malheureux.

Vitrines enchantées où l’on peut croiser les regards d’adultes émerveillés par les marionnettes qui s’animent, les sapins et guirlandes peuvent aussi laisser un lourd sentiment de tristesse, voire d’angoisse. Bien souvent, face à la joie que ce moment procure, certaines personnes taisent leur douleur et ne trouvent pas leur place au milieu de ces visages béats.

Avouer que l’on n’aime pas Noël est presque une faute qui viendrait remettre en cause le rapport que nous avons avec notre famille ou des membres de celle-ci. Il est tellement ancré dans l’inconscient collectif que cette fête est sacrée que de vouloir y échapper serait une grave erreur…. pourtant, certains y parviennent et assument leur différence parfois au prix de conflits avec leurs parents.

Mais qu’est-ce qui est important de comprendre dans le rejet que l’on a de ce moment ? Outre l’hystérie collective et la frénésie des achats, cette fête est située en fin d’année et l’on ne peut aborder ce moment sans un peu d’histoire…

La question de la date précise de la naissance de Jésus fait polémique depuis des siècles.

Il faut dire que pour le coup, les Évangiles, ces textes sacrés « de première main » signés par les apôtres de Jésus, ne sont pas très clairs. Pire, il s’est avéré que l’un d’entre eux comporte une erreur !

Dans l’Évangile selon Matthieu, celui-ci raconte que Jésus a vu le jour sous le règne du roi de Judée Hérode le Grand, peu de temps avant sa mort. L’historien antique Flavius Josèphe situe précisément ce décès à une date correspondant à – 4 avant JC.

Luc, quant à lui, prétend que Jésus est né alors qu’un recensement romain de la Judée avait lieu à Bethléem. D’après les écrits de Flavius Josèphe, on peut avancer à coup sûr que ce recensement est celui de Quirinius, gouverneur romain en Syrie. Sauf qu’il date l’évènement en … 6 après JC.

Deux des principaux Évangiles donnent donc des dates complètement incompatibles à la naissance de Jésus, ce qui embarrasse fortement les historiens. Dans le récit biblique, la naissance du Messie est annoncée aux rois mages par l’Étoile de Bethléem. C’est elle qui les guide jusqu’à la maison où le nourrisson se trouve.

Si elle ne correspond pas à la naissance de Jésus, d’où sort la date du 25 décembre ?

Ce n’est que trois siècles après la mort du Christ que les chrétiens l’ont définitivement adopté. En 354 après JC, le Pape Libère souhaite mettre un terme aux débats sur le moment de la Nativité : il décide de la situer au 25 décembre.

En 525 après JC, un moine, Denys le Petit, se charge lui aussi de calculer la date exacte et arrive à la même conclusion. Le pauvre homme fait du mieux qu’il peut, avec le peu de ressources scientifiques disponibles à l’époque, mais ses calculs sont erronés. Tant pis, la postérité retiendra la date du 25 décembre.

Mais ce n’est pas tout à fait un hasard non plus : ce jour était sacré bien avant Jésus. En le désignant officiellement comme celui de la naissance du Messie, les chrétiens ont fait avant tout un choix stratégique.

Autour de la date du solstice d’hiver, les romains avaient l’habitude de célébrer deux périodes de réjouissance : les Saturnales (du nom du dieu de l’agriculture) puis les Sigillaires, où des petits cadeaux étaient échangés (et oui, la tradition vient de là !).

Depuis le IIe siècle avant JC, dans toute la partie orientale de la Méditerranée, les adeptes du culte de Mithra fêtaient également à la fin décembre l’arrivée du Dieu Soleil et le retour de la lumière.

A l’époque de Libère et de Denys Le Petit, le christianisme, qui commence à se développer, est en concurrence avec ces traditions païennes.

Pour les supplanter, la date hautement symbolique du 25 décembre est donc parfaite !

D’autant plus que le message des fêtes romaines et de Mithra peut être repris par l’Église à son compte. Jésus incarne le soleil sacré : après sa naissance, les nuits reculent et les jours s’allongent.

Grâce à lui, la lumière l’emporte sur les ténèbres ». Un message qui a fait date dans l’histoire du monde… (Ça m’intéresse, « Pourquoi Noël tombe le 25 décembre ? »)

La période du bilan de fin d’année

Ce dernier mois de l’année correspondant au solstice d’hiver et il est aussi le temps du bilan de l’année écoulée, des choix et des décisions qui ont été faits ou pas, des évènements agréables ou désagréables survenus tout au long des mois. S’il doit permettre un temps de deuil, ce passage est aussi le lieu d’un temps à venir, celui de la nouvelle année pleine de possibles et de promesses.

Noël et la confrontation aux conflits familiaux

Alors qu’en est-il de la famille et des conflits que Noël peut réactiver ou même déclencher ? Pour beaucoup de thérapeutes, un mois avant les fêtes, les patients évoquent pour la plupart, ce moment qu’ils attendent particulièrement ou appréhendent avec une émotion qui s’amplifie au fil des semaines. C’est le frère ou la sœur avec lequel on est en conflit depuis des années, le parent qui est toujours là pour rappeler qu’un de ses enfants n’a toujours pas de descendance, voire de partenaire…la belle-mère avec laquelle on est en conflit puis surtout pour certains, la nécessité de maintenir les apparences coûte que coûte au prix parfois d’une véritable somatisation et dans ces moments, il n’y a pas que le foie gras qui est indigeste…..mais personne n’ignore que les griefs que l’on s’efforce de taire finissent toujours par ressortir et souvent au moment du dessert lorsque l’alcool est venu désinhiber la plupart des convives…

La nostalgie d’un souvenir d’enfant enchanté

Que l’on soit croyant ou non, la dimension sacrée de cette fête peut-être vue comme une tentative de se rapprocher au plus près de ce symbole magique et féérique. On cherche à retrouver ce Noël idéal d’un temps jadis vécu ou fantasmé de l’enfant que l’on était et de la matrice familiale dans laquelle on baignait. La croyance au Père Noël et la fonction imaginaire qu’elle représente, l’excitation d’ouvrir ses paquets cadeaux au pied du sapin, tout cela est révolu. Grandir a obligé chacun à devoir renoncer à ses croyances et l’image du bon Père Noël amenant des cadeaux et loin d’être pour certains celle du bon père protecteur et garant de l’équilibre du foyer, en témoigne aujourd’hui l’éclatement des familles, le nombre grandissant de mères célibataires.

De la place que l’on occupait et continue à occuper dans la fratrie, des rivalités engendrées entre frères et sœurs et parfois entretenues par les parents, Noël, dans sa dimension de rassemblement vient cristalliser toutes ces souffrances et non-dits et pour certains enfants devenus adultes les maintenir dans la certitude d’être soit le vilain petit canard de la famille, celui ou celle qui à moins bien réussi que son ainé.

Dans quelle famille doit-on passer les fêtes?

Autre cause de conflits, celle des familles divorcées et parfois recomposées. Dans quelle famille va-t-on choisir de passer les fêtes ? Un casse-tête parfois insoluble qui peut amener de fortes tensions dans les couples. La nécessité de communiquer, d’identifier les besoins et peurs de chacun, peut souvent permettre de désamorcer les tensions. Certains couples ont d’ailleurs choisi de partir faire les fêtes à l’étranger, une façon de mettre la distance nécessaire et de ne pas avoir à choisir.

Faire le deuil de la famille idéale est loin d’être aisée mais c’est un travail psychique essentiel au risque sinon de voir réapparaître à chaque fête les mêmes douleurs, les absents se faisant plus présents et les deuils, récents ou anciens se rappellent à nous.

Il n’existe pas de recettes miracles pour aborder les festivités dans la joie mais il y a peut-être quelques solutions qu’il appartient à chacun d’essayer de trouver en faisant de ce moment chargé émotionnellement, un espace de rencontre avec soi-même, en s’interrogeant sur ses peurs et sur ce que l’on souhaite peut-être aborder avec sa famille. Il ne s’agit pas d’en faire un règlement de compte mais un lieu où la parole pourrait trouver sa place.

Envisager Noël différemment

Envisager de faire Noël avec d’autres personnes inconnues reste possible, un bénévolat qui pourrait donner la possibilité de rencontrer l’autre et même si l’on n’est pas croyant, donner à ce type de rencontre sa dimension sacrée. Inviter chez soi une personne seule, âgée ou sans famille. Partir, peut aussi être une solution et si l’on décide de rester en famille parce que trop difficile d’assumer de ne pas être présent, peut-être trouver une place à table qui évite toute confrontation à un membre agressif, se crée une petite zone de protection afin que les regards ne se croisent pas trop. Et si vraiment dès le 1er Décembre la perspective de l’enfer commence à vous prendre les entrailles, expliquer à nos parents qu’il y a d’autres moments pour se voir et que l’amour, c’est au quotidien….

Et vous? Comment abordez-vous ces fêtes de fin d’année?

N’hésitez pas à laisser un commentaire ci-dessous pour nous faire partager votre expérience.

Virginie Ferrara

Psychanalyste et Psychothérapeute Paris 9ème

Cabinet de psychanalyse et psychothérapie Active Paris 9ème

28, rue Vignon 75009 PARIS

Virginie Ferrara

Psychothérapeute à Paris, je vous reçois à mon cabinet rue Vignon, Paris 9ème, sur rendez-vous au 01 53 20 09 31