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Psychologie : les mécanismes du transfert

par 12 juin 2017février 15th, 2023No Comments

Qu’est ce que le transfert en psychanalyse ?

Le transfert est le moteur de tout travail analytique. Il consiste à déplacer sur la personne de l’analyste les affects vécus et ressentis durant l’enfance.

Selon le Vocabulaire de la psychanalyse par Laplanche et Pontalis, le transfert désigne le processus par lequel les désirs inconscients s’actualisent sur certains objets dans le cadre d’un certain type de relation établi entre eux et éminemment dans le cadre de la relation analytique. Il s’agit là d’une répétition de prototypes infantiles vécue avec un sentiment d’actualité marqué. C’est le plus souvent le transfert dans la cure que les psychanalystes nomment transfert sans autre qualificatif. Le transfert est reconnu comme le terrain où se rejoue la problématique d’une cure psychanalytique, son installation, ses modalités, son interprétation et sa résolution caractérisant celle-ci.
La propension à transférer est universelle, nous la retrouvons dans toutes les relations interhumaines. Mais c’est dans le processus analytique qu’elle prend toute son ampleur. D’abord, de par les multiples facettes qu’elle revêt, tendre, érotique, agressive, haineuse, ambivalente, coupable…puis parce qu’elle est liée à tous les objets investis durant l’enfance.
Freud, considérait indispensable pour la cure l’existence d’un transfert positif. Au début, les transferts apparaissent à Freud, comme de simples obstacles à la progression de la cure vers la remémoration du refoulé. Il appartient plus généralement à la catégorie du déplacement ( cf. travail du rêve ). Il consiste à déplacer un désir sur une personne à qui originellement il ne s’adressait pas, surtout parce que le souvenir du lien vécu jadis a disparu de la mémoire.
C’est dans l’un des premiers cas clinique rapporté par Freud « Fragment d’une analyse d’hystérie » ( Dora ) qu’il explique le m écanisme et en quoi la cure le révèle.

Que sont ces transferts ?

Ce sont des tendances et des fantasmes qui doivent être rendus conscients par les progrès de l’analyse et dont la caractéristique est de remplacer une personne jadis investie, par la personne de l’analyste.
Il y a des transferts qui ne diffèrent en rien de leur modèle quant à leur contenu, à l’exception de la personne actuelle (analyste). Comme des réimpressions, des rééditions. Certains transferts peuvent être très largement atténués et peuvent être tout à fait conscients en s’étayant sur une particularité de l’analyste ou des circonstances qui l’entourent.
La différence entre le transfert ordinaire qui fera ressentir le thérapeute comme sympathique ou non et le transfert analytique tient surtout à l’utilisation et l’interprétation que l’analyste va en faire en rendant de plus en plus conscientes les affects positifs ou négatifs qui le composent et qui sont ressentis à l’égard du psychanalyste.

Freud exprime alors « le transfert, destiné à être le plus grand obstacle à la psychanalyse, devient son plus puissant moteur si on le perçoit et qu’on en traduit le sens à l’analysant ».

En 1912, dans » La dynamique du transfert », Freud reprendra cette idée de la réédition à l’œuvre dans le transfert : « Tout individu, de son enfance, possède une manière d’être personnelle, déterminé de vivre sa vie amoureuse, c’est-à-dire que sa façon d’aimer est soumise à certaines conditions, qu’il y satisfait à certaines pulsions et qu’il se pose certains buts ».

Il faut se rappeler que le transfert est d’abord une résistance à l’analyse. Cependant, en 1912, Freud considère que toutes les formes de transfert ne sont pas équivalentes : » …le transfert sur la personne de l’analyste ne joue le rôle d’une résistance que dans la mesure où il est un transfert négatif ou bien un transfert positif composé d’éléments érotiques refoulés »On comprend alors pourquoi ce type de transfert suit le résistance car il ne s’avoue pas facilement à celui qui en est le destinataire. Le transfert hostile quant à lui constitue l’ecueil principal et rendre l’analyse impossible.

Face à ce déferlement d’affects positifs et négatifs que peut faire le psychanalyste ?

Interpréter, interpréter….c’est tout un champ d’action qui devient possible mais aussi un sacré défi à relever. Freud insiste sur la nécessité du transfert, inévitable et ne devant pas être évité, étouffé ou éloigné : « Il convient de maintenir ce transfert, tout en le traitant comme quelque chose d’irréel, comme une situation qu’on traverse forcément au cours du traitement et que l’on doit ramener à ses origines inconscientes, de telle sorte qu’elle fasse ressurgir dans le conscient, tout ce qui, dans la vie amoureuse de la personne en souffrance était resté le plus secret et qui maintenant pourra aider cette dernière à le contrôler ».
Sandor Frenczi en 1909 avait, en accord avec Freud souligné que le transfert n’est qu’un cas particulier de la tendance générale au déplacement des névrosés, tout en reconnaissant que les conditions de la cure sont favorables à ce processus.
Il compare l’analyste à un catalyseur qui attirerait sur lui les affects libérés par la décomposition du refoulement et mobilisés par l’analyse.
Le terme de transfert est large et lorsqu’il aboutit à un attachement utilisable de quelque façon, le traitement est en mesure d’empêcher tous les actes itératifs les plus importants du malade et d’utiliser in statu nascendi les intentions de celui-ci en tant que matèriaux pour le travail thérapeutique » Ferenczi.

Que se passe t-il dans le transfert ? « Le patient, écrit Freud, se conduit là d’une façon tout à fait infantile et nous montre que les traces mnésiques refoulées de ses expèriences vécues ne sont pas présentes en lui à l’état lié et sont, en fait, dans une certaine mesure, inaptes au processus secondaire » (Au-delà du principe de plaisir)

La confiance dans l’analyste et sa méthode de travail sont alors nécessaires pour que puisse se faire cette ouverture à la compulsion de répétition, confiance qu’il n’est pas toujours facile d’accorder et « il faut aussi admettre que, lorsque des personnes non familiarisées avec l’analyse, éprouvent une angoisse obscure, redoutant d’éveiller quelque chose qu’on ferait mieux, à leur avis, de laisser dormir, c’est au fond une crainte de voir survenir cette compulsion démonique » Freud

 

Quelques lectures pour en savoir plus sur le transfert psychologique

  • Sigmund Freud : Dora. Fragment d’une analyse d’hystérie (1905), Paris, Payot, coll. « Petite Bibliothèque Payot », 2010.
  • Sigmund Freud : La Technique analytique, Observation sur l’amour de transfert, PUF
  • Sigmund Freud : La Technique psychanalytique (Remémoration, répétition et élaboration), (La dynamique du transfert)
  • Sigmund Freud : Résultats, idées, problèmes tome 2 (L’analyse avec fin et l’analyse sans fin)
  • Jacques Lacan : Les Fondements de la psychanalyse, séminaire inédit, séance du 15 avril 1964.
  • Jacques Lacan : Le Séminaire, livre VIII, « Le transfert » (1960-1961), Paris, Seuil, 1991
  • Mélanie Klein : Le Transfert et autres écrits, PUF, 1995
  • Paul Denis : Rives et dérives du contre-transfert, Collection « Le Fil rouge »
  • Paul Denis : Rives et dérives du contre-transfert, PUF, Coll. Fil rouge, 2010
  • Armand Marie, Jacques de Chastenet de Puységur : Mémoires pour servir à l’établissement du magnétisme animal (1786). Présentation de G. Lapassade et P. Pédelahore (1986).
  • Pierre Delaunay : Les Quatre Transferts, Fédération des ateliers de psychanalyse, 2011
  • Jean Laplanche : Problématiques V : Le baquet-transcendance du transfert, PUF 1987
  • Jean Laplanche : Nouveaux Fondements pour la psychanalyse, PUF, 1987, (ISBN 2 13 040279 8) ; 2e éd. avec un Index général des « Problématiques », 1990, (ISBN 2 13 046044 5); rééd.: PUF / Quadrige, 2008.
  • Saverio Tomasella : Le Transfert. Pour qui me prenez-vous ?, Eyrolles, 2012, (ISBN 978-2-212-55361-1).
  • Juan Pablo Lucchelli : Le Transfert, de Freud à Lacan, Presses universitaires de Rennes, 2009
  • Heinrich Racker : Transfert et contre-transfert. Études sur la technique psychanalytique, Ed: Cesura Lyon, 2000, (ISBN 2905709790)
  • Harold Searles : Le Contre-transfert, Gallimard 1981. (Recueil d’articles), rééd. en poche-Folio 2005, (ISBN 2070307123)
  • Horacio Etchegoyen : Fondements de la technique psychanalytique, Hermann, 2005, (ISBN 270566517X)
  • Sandor Ferenczi : Transfert et introjection, 1909, Psychanalyse I, 1968 Payot
  • Paul-Laurent Assoun : Leçons psychanalytiques sur le transfert, Anthropos, 2006
  • Jean-Michel Louka : De la notion au concept de transfert de Freud à Lacan, L’Harmattan, 2008. (ISBN 978-2-296-06998-5)
  • Michel Neyraut : Le Transfert. Étude psychanalytique, PUF, 2004 (ISBN 2130548016)
  • Daniel Lagache : L’Unité de la psychologie, Quadrige Presses universitaires de France, 1949. 5e édition, novembre 1997
  • Maurice Bouvet : « Résistances, Transfert« , Écrits didactiques, Œuvres psychanalytiques, T.2 Payot, 1968.
  • Jean-Michel Porret : Temps psychique et transferts. Des structures névrotiques aux organisations limites, L’Harmattan 2000, (ISBN 2738498558)
  • Robert Fliess : The Metapsychology of the Analyst, Psychoanalytic quartely, LXXVI, 2007

Dans le domaine de la psychologie analytique

  • Cahiers jungiens de psychanalyse, no 102 ~ 2002. John Beebe : Types psychologiques : Les types psychologiques dans le transfert, le contre-transfert et l’interaction thérapeutique
  • Carl Gustav Jung : Psychologie du transfert, Albin Michel, PARIS 1980

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Virginie Ferrara

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