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Combien de couples mariés ou pas, s’étaient jurés fidélité et se retrouvent un jour confrontés à l’infidélité et aux souffrances qu’elle entraîne ?
Quelles sont les raisons qui amènent à nouer une relation extra- conjugale et quelles en sont les conséquences pour chacun mais aussi pour le lien ?
Et comment les couples traversent cette crise et peuvent-ils la dépasser ?

On ne peut parler de l’infidélité sans définir ce que signifie être fidèle dans la relation amoureuse.

Elle consiste pour un couple marié à considérer son conjoint comme le seul et unique partenaire pendant toute la durée du mariage et elle perçue dans les sociétés où le mariage se fonde sur l’amour, comme le prolongement naturel des sentiments portés à son ou sa partenaire.

Elle est en France, une des exigences du mariage civil, l’un des quatre piliers du mariage catholique.

Et même s’il y a de plus en plus de couple non mariés, tous se rejoignent sur cette même quête de croire au « grand amour pour toujours ».

Mais ce désir est largement remis en cause dans une société où l’infidélité peut être valorisée, recherchée même comme un miroir renarcissisant. L’autre peut être alors réduit à l’état d’objet consommable et jetable. Cette culture de la toute puissance du Moi, du «je veux tout tout de suite» comporte de multiples risques. Le seuil de tolérance étant très limité pour certains individus, leurs désirs ne sont dictés que par le principe de plaisir.

C’est un puits sans fond, une quête sans fin qui plonge certains dans des abîmes de souffrances, d’addictions de toute sorte afin de combler ce vide qui les habite….

Mais alors où commence l’infidélité ? par le passage à l’acte sexuel ? par les fantasmes ou bien par la conjonction de la sexualité et des affects ? chacun a sa propre réponse par rapport à la limite qui est franchie mais entre imaginer passer à l’acte et le faire, pour certains il n’y a qu’un pas pour d’autres, il y a un gouffre……

On ne peut faire l’économie de cette question, la monogamie est-elle le propre de l’homme ? cette question fait l’objet de grands débats et discussions, certains évolutionnistes soutiennent que le vivre en couple constitue un avantage adaptatif pour l’être humain, pendant que d’autres pensent que la monogamie est culturelle et nous condamne à un conflit avec nos prédispositions biologiques.

Les causes de l’infidélité

On ne peut évoquer l’infidélité sans aborder les causes liées à l’enfance et parmi ces causes, pour certaines personnes, existe une recherche permanente de combler un manque, de ressentir à nouveau les affects de la relation originelle au premier objet d’amour qu’est la mère, empreinte indélébile qui va laisser des traces mnésiques d’une relation fondée sur un amour inconditionnel et que certains de façon tout à fait inconsciente vont s’évertuer à retrouver.

Mais on retrouve aussi parmi ces causes, celle liée à la relation œdipienne, maman, papa et l’enfant. Ce complexe correspond à la phase du développement psychique qui apprend à l’enfant à canaliser ses pulsions, à renoncer aux désirs impossibles et à intégrer l’interdit de l’inceste. Cette expérience laisse une trace indélébile dans l’inconscient et va induire chez certains une propension à rejouer la relation triangulaire.

Mais on ne peut oublier la dialectique « maman-putain », une femme mère, une femme épouse, rappelle à l’homme cet objet intouchable, leur propre mère. On voit là bien souvent, des hommes au moment de la grossesse de leur partenaire, devenir infidèle. Cette femme qui leur donne des enfants est pour certains encore plus sacralisée et réveille chez eux les pulsions refoulées au moment de la période œdipienne.

C’est alors au couple de pouvoir réinventer sa sexualité en s’interrogeant sur ce que l’arrivée d’un enfant peut réactualiser.

Enfin, une des causes aussi est la monotonie du couple, la vie commune démystifie le/la partenaire, l’usure du désir sexuel avec la fatigue de journées harassantes, le devoir de s’occuper des enfants, tout cela laisse finalement peu d’espace au couple pour laisser circuler leur désir. C’est bien souvent la recherche de nouveauté, la nécessité de retrouver dans le regard ou les bras d’un/une autre, la tendresse ou le sentiment d’être toujours désirable

Les habitudes, la répétition des mêmes gestes , même paroles, la communication qui s’appauvrit, mènent à l’asphyxie du couple et la perte de l’élan vital. Prévenir et guérir doit rester l’objectif de la relation et peut-être de s’interroger sur la nécessité de se faire accompagner par un thérapeute de couple.

Les conséquences de l’infidélité peuvent être très douloureuses mais capitales quant au devenir de la relation. Elle ébranle les fondations même de la relation, fait exploser les repères et les valeurs que chacun a pu partager pendant des années. Rien n’interpelle plus que l’infidélité de celui ou celle que nous aimons. Certains se remettent en cause, d’autres s’y refusent en nourrissant chez celui ou celle qui est passé à l’acte , le sentiment de culpabilité et en y trouvant parfois un bénéfice inconscient à la posture de victime.

Même chez celui ou celle qui a été trompé(e), s’interroger sur ce qui se rejoue de leur propre histoire peut-être déjà un pas vers le processus de guérison, peut-être un parent infidèle, un que l’on a senti en souffrance et qu’on ne pouvait soulager mais surtout la colère vis-à-vis de celui qui a trompé. Colère qui sera d’autant plus refoulée, qu’elle aura un effet dévastateur lors de toute trahison à l’âge adulte.

Le sentiment de dévalorisation, l’effondrement narcissique que cette blessure provoque, trouvent un dénominateur commun, la peur. Peur de ne plus être aimé, peur de ne plus être désirable, peur d’être rejeté, abandonné…La peur colore d’angoisse la souffrance et le rend alors intolérable jusqu’à parfois amener de violentes crises dans la relation.

Comment réagir face à l’infidélité ?

Alors dans l’urgence, comment réagir ?

Tout va se jouer, l’avenir de la relation, la souffrance de chacun, victime ou coupable. Selon les réactions, les capacités et les mécanismes de défense de chacun, soit le couple entre dans le drame et la destruction ou entrevoit la possibilité d’un futur où tout est encore possible. Aller dans la direction de donner un sens à cette crise reste pour celui qui est trompé très difficile voire insurmontable parfois mais pas toujours impossible. Établir un dialogue constructif, s’interroger sur l’histoire de sa relation et de la façon dont on s’en est occupé, prendre surtout soin de sa blessure, voir à ce qu’elle nous dit de nous-mêmes et de notre histoire familiale peut permettre de préparer l’avenir et de restaurer l’image de soi-même afin de reconstruire une confiance qui a explosé. Agir sur les racines de sa souffrance, prendre conscience que parfois une douleur « disproportionnée » peut être inconsciemment relié à des blessures du passé. Regardez votre Ombre, qu’a-t-elle à vous dire ? cette part de vous qui fut trahie, rejetée, humiliée mais cette part qui a pu aussi s’identifier à la douleur d’un parent trahi aussi. Attention à ne pas trop déverser vos pleurs et votre colère sur le conjoint qui a trompé, il peut entendre votre douleur mais l’amour n’est pas de la pitié.

Pour celui qui a trompé, efforcez-vous de comprendre les raisons qui vous ont amenées à passer à l’acte. Interrogez-vous aussi sur votre histoire personnelle et voyez là ce que peut-être vous répétez mais tenez compte aussi des parts de vous- même que vous avez peut-être négligées et oubliées dans la relation.

Si vous ne pouvez faire ce travail seul, n’hésitez pas à vous faire accompagner par un psychothérapeute ou un psychanalyste. Le chemin peut-être long, parcouru d’obstacles et de découragement mais riche de possibles et de découverte de soi et de l’autre.

Partir ou rester ?

Partir ou rester fera partie des grandes décisions qu’il vous faudra prendre. Laissez vous le temps d’y réfléchir en demandant de l’aide parfois pour vous seul ou en envisageant une thérapie de couple. Le pardon libère et la rancune enchaîne. Il n’est pas un déni de réalité, il ne s’agit pas non plus de tourner la page ou d’oublier, ce n’est pas non plus subir une fatalité et s’y résigner. La blessure sera là à chaque fois pour le rappeler inscrite dans le corps et le psychisme.

La première démarche est vis-à-vis de soi : reconnaître sa souffrance, la nommer, s’en occuper, interroger l’enfant blessé en soi. Peut-être aussi, reconnaître sa part de responsabilité dans la survenue de l’évènement. Là sont les premiers pas vers le processus de guérison est de pardon vis-à-vis de soi-même d’abord.

Puis, vis-à-vis du conjoint, si communiquer verbalement reste difficile, entrevoir la possibilité qu’une lettre peut être un premier pas. Elle permet l’expression de sa blessure et de la part de responsabilité que l’on a vis-à-vis de son propre ressenti, elle est aussi un moyen de reconnaissance de la part de l’autre ce qui a été blessé en soi et enfin, elle permet de rendre à l’autre ses propres violences et blessures dans ce qui a été commis.

Enfin, si la décision a été prise de continuer, il faudra réinventer ce que la notion même de fidélité sera pour chacun et pour le lien. Un témoignage d’amour, d’engagement autour de valeurs à nouveau communes. C’est le choix d’investir à nouveau la relation en en prenant soin, c’est aussi la décision d’assurer au couple et au partenaire la sécurité nécessaire afin qu’elle soit le ciment d’une confiance mutuelle. Besoin de créer des moments d’intimité avec soi et avec l’autre, à travers une bonne communication verbale mais aussi sexuelle, accepter ses limites, que l’on ne peut pas tout pour son partenaire, c’est aussi sortir des idéaux, de ce que l’on avait projeté sur la relation afin de maintenir les forces de cohésion et non d’éclatement.

En savoir plus sur les raisons de l’infidélité

Interview de Virginie Ferrara, psychanalyste, réalisé par le magazine Elle, pourquoi trompe t-on ?

Virginie Ferrara

Psychothérapeute à Paris, je vous reçois à mon cabinet rue Vignon, Paris 9ème, sur rendez-vous au 01 53 20 09 31