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Choisir son psy : un homme ou une femme ?

par 22 juin 2017juillet 22nd, 2023No Comments

Pourquoi choisit-on une psychologue femme plutôt qu’un homme ? qu’est-ce que ce choix vient dire consciemment et inconsciemment ? et même si pour certains la question ne se pose pas, pour d’autres elle revêt différentes significations qui ont leur importance.

« Je suis en conflit avec ma mère, nos relations ont toujours été compliquées… », « je traverse une période difficile avec mon conjoint, les hommes me dégoutent… comme mon père… », « je suis un homme, j’ai choisi une femme plus âgée pour ne pas tomber dans le piège de tenter de la séduire ou de tomber amoureux… », « J’ai des problèmes de fertilité, seule une psy pourrait comprendre de quoi je parle… »

A travers ces témoignages, choisir une femme ou un homme est lourd de sens. Négliger cette interrogation reviendrait à ne pouvoir entendre la peur de souffrir à nouveau, de réactiver des conflits psychiques, de réveiller des blessures… Même si la question du choix pour le professionnel peut être une question anodine, car ce sont ses compétences qui sont essentielles, pour un futur patient, choisir un homme ou une femme c’est déjà installer un lien de confiance, c’est se projeter dans le processus thérapeutique.

Néanmoins, la thérapie de certains futurs patients, en fonction de la difficulté de liens vécus dans l’enfance (père ou mère ou les deux) peut donner lieu à des débordements transférentiels massifs. On ne peut oublier cet aspect car il est primordial sur la question du transfert envers son analyste. En fonction de ce qui va se rejouer en séance et dans la relation thérapeutique, cela remet le patient en contact avec l’enfant qu’il a été dans la relation à ses parents. Du côté du psy, cela ne change rien car il peut être de façon inconsciente la mère, le père, le parent idéal, le frère, la sœur, l’ennemi, le meilleur ami. Le patient va projeter des affects ressentis dans ces liens passés. En revanche, en réaction aux affects de l’analysé, l’analyste par ce « jeu » de miroir va être confronté au contre-transfert.

C’est un point majeur de l’analyse « Au sein du processus psychanalytique, l’analyste remplit à la fois la fonction d’interprète et la fonction d’objet. Le contre-transfert indique, avec précision, à l’analyste interprète ce qu’il doit interpréter, quand et comment le faire, de même qu’il peut brouiller sa compréhension du matériel par des rationalisations et des points obscurs. La fonction d’objet dépendra également à chaque instant, en bien ou en mal, du contre-transfert. On ne peut prétendre que l’analyste échappe au contre-transfert, car cela reviendrait à dire que l’analyste n’a pas d’inconscient ; mais il se peut que si l’analyste observe et analyse son contre-transfert, il puisse s’en servir pour faire progresser la cure. De même que la personnalité totale de l’analysant vibre dans sa relation avec l’analyste, de même l’analyste vibre dans sa relation avec l’analysant, sans pour autant méconnaître les différences quantitatives et qualitativesHeinrich Racker, (1910-1960)

Feud, dans un texte de 1917 « Un cas de névrose infantile », note que son patient développe sur lui un transfert hostile. Dans le même essai, il évoque le fait qu’un psychanalyste homme recevant des analysants hommes, peut être confronté de la même façon à des affects négatifs car revivant ainsi la rivalité dans la relation œdipienne à leur père.

En 1931, dans De la sexualité féminine, il dit que des psychanalystes de sexe féminin peuvent susciter aussi chez leurs analysantes des transferts négatifs. N’oublions pas un élément important, c’est qu’en tant que substitut maternel inconscient et parce que la mère étant le premier objet d’amour, une psy femme peut être en mesure de réactiver des ressentis déterminants de l’enfance dans la relation à leur mère. Tout cela constitue un matériau fondamental de la cure à travailler. Est-ce à dire que la femme pourrait permettre de laisser émerger des émotions plus anciennes ? ce n’est pas si simple… les revécus émotionnels intenses ne concernent pas toute la durée de la thérapie. La figure du thérapeute, qu’il soit un homme ou une femme doit laisser émerger tout ce qu’il y a de conflictuel dans la part féminine (anima jungien) chez l’analysant ou l’analysante, de même pour la composante masculine (animus).

La cure sera alors le théâtre de tout ce que l’analysant pourra rejouer de son histoire passé et de ses blessures narcissiques, d’une adolescence pour certaines jeunes filles douloureuses dans la construction de son identité féminine (arrivée des règles, boulimie, anorexie, inceste…) ou d’une virilité difficile à construire pour certains garçons avec l’impossibilité de s’identifier à un père vécu comme castrateur ou absent…

Une psy femme sera peut être plus sensible au désarroi d’une analysante qui traverse la difficulté de ne pouvoir tomber enceinte ou telle autre vivant l’infidélité de son conjoint alors qu’un psy homme sera ressenti par un analysant vivant des difficultés sexuelles comme plus à même d’entendre sa souffrance ou parfois le contraire, c’est-à-dire, ressentant le psy homme comme plus puissant…
Si l’alliance thérapeutique est fondamentale, la thérapie qu’elle que soit le sexe du thérapeute reste avant tout une technique et un vrai savoir-faire auxquels se mêle la personnalité du thérapeute, ses méthodes de travail.

Le choix du thérapeute doit être une décision qui appartient à l’analysant et à lui seul. La relation de confiance qui va s’établir est essentielle et il est difficile de définir à l’avance qu’il est préférable de voir un homme ou une femme. « J’ai fait deux thérapies avec des femmes parce qu’il me semblait qu’à ce moment de ma vie, elles seraient à même de mieux comprendre ce que je ressentais et aujourd’hui j’entame un autre travail avec un homme parce que je ressens le besoin d’aller travailler ma partie masculine et d’être en contact avec cette énergie et c’est aussi bien… »

Virginie Ferrara

Psychothérapeute à Paris, je vous reçois à mon cabinet rue Vignon, Paris 9ème, sur rendez-vous au 01 53 20 09 31